Décès de Maman

 

 

Maman est décédée au matin du 4 novembre 2014, à l’hôpital de Dax. La veille, Ricou, son voisin et ami, s'était inquiété. Les volets n'était pas levés. Ayant la clé, il est entré et a trouvé ma mère près de son lit, inconsciente. Appel des pompiers qui l'emportèrent à l'hôpital. Il m'a prévenu et j'ai pris le train immédiatement. Arrivé le soir j'ai passé la nuit auprès de Maman. Elle n'était pas sortie du coma.

 

Elle avait perdu sa cousine, ma marraine (Emilienne Larrat), un an avant. Très affectée, elle était tombée, et des problèmes se sont succédés. Une première alerte. Après l'hôpital, ce fut la convalescence.  à Hossegor. Au retour à Dax, la marche était difficile. Elle ne pouvait plus aller faire ses courses comme elle le faisait jusque là.

 

 

 

 

 

 

 

Ces courses lui avaient d'ailleurs valu de se retrouver en photo sur les pages de Sud-Ouest.

 

 

 

Elle semblait mener fièrement cette manifestation de retraités.

 

 

 

Amusée, elle m'avait envoyé ce morceau de journal.

 

 

 

Avec Eliane, nous avons mis en place une aide avec l'ADMR. Les repas était apportés régulièrement. Un kiné venait à domicile lui faire faire quelques exercices et un peu de marche sur le trottoir. Son objectif pouvoir aller chercher elle-même son pain à la boulangerie sur la place.

 

Je venais la voir une semaine chaque mois. Elle regrettait de dormir autant l'après-midi, mais elle avait toujours ses activités. Un peu de tricot. Lecture de romans policiers. Jeux sur l'Ipad.

 

Le soir après le repas, elle suivait "Plus belle la vie". Mais ensuite, la série ou le film était rarement vue en entier. Elle s'endormait.

 

La cérémonie s'est tenue dans une petite chapelle de la cathédrale de Dax. Elle fut chaleureuse. Parents et amis étaient rassemblés. Mes deux fils étaient là et chacun en fin de cérémonie prononça un petit hommage qu'ils avaient préparé.

 

Voici ces deux textes.

 

 

Texte de Nicolas

 

 

 

Mamie te voilà auprès des tiens.

 

Quand on m'a appris ton départ j'ai été très surpris car je ne savais pas que c'était possible.

 

Pour moi Dieu t'avait oublié le temps glissait tellement bien sur toi

 

La vie m'a donné la chance de te présenter mes enfants 10 jours avant ton départ.

 

Je t'ai trouvée radieuse remplie d'humilité, d'humour et d'humanité.

 

 

Je me rappelle encore quand tu as pris ton Ipad pour me montrer sur ton cloud les photos que tu avais reçues d'Ariane et Ninon en Afrique du Sud, puis on a jeté un coup d'œil sur ta page Facebook.

 

 

On me disait que tu avais du mal à sortir et nous voilà partis en promenade à la pharmacie puis au cimetière.

 

 Le cimetière; on a lavé la tombe mis des fleurs, tu m'as raconté comment Papi nous aimait. J'ai l'impression que tu m'as bien eu, pendant que tu me parlais tu prenais tes marques.

 

 

Cet après-midi tu m'as confirmé que tu ne quitterais jamais cette maison. Je t'entends encore me dire"écoute moi Nicolas les maisons de retraite c'est fait pour les vieux. Qu’ils m'y attendent pas avant mes 100 ans".

 

 

 

Toi tu voulais finir tes jours chez toi comme tes parents l'ont fait et comme ton mari l'a fait.

 

 

Et vous savez quoi ma grand-mère elle l'a fait. Cela n'a pas été facile mais je crois qu'elle avait un secret.

 

Elle n'a jamais laissé les doutes envahir son esprit de peur qu'ils deviennent certitude, et a plutôt continué de croire en son rêve.

 

 

 

Aujourd'hui nous célébrons ton départ le cœur triste mais je ne peux m'empêcher de ressentir une grande joie et une admiration irradier mon corps. Car j'en suis certain aujourd'hui nous célébrons avant tout la réussite de ton rêve. Ta Réussite.

 

 

 

Mamie je me souviendrais en plus de cet héritage moral, toutes ces attentions que tu avais pour mon frère et moi.

 

Les croque-monsieur au chocolat en revenant de l'école.

 

Les séances de prises de mesure pour nous faire des pulls.

 

De ces colis qu'on recevait par la poste gorgé de gâteaux, de bonbons et de foie gras.

 

De la fameuse tirelire qu'on ouvrait le jour de l'ouverture des fêtes de Dax afin qu'on puisse se payer des manèges.

 

 

 

Le principe était simple: vous deviez mettre de temps en temps tout au long de l'année une petite pièce.

 

Mais des petites pièces il n'y en avait pas beaucoup, il y avait surtout des gros billets.

 

 Cette tirelire était à l'image de cet amour que vous nous transmettiez. ENORME.

 

 

Malgré le temps ces souvenirs resurgiront toujours, parfois dans la rue par une voix ou une silhouette familière ou encore dans une cuisine avec des odeurs de gâteaux au yaourt. Ou surtout oui, avec l'odeur de tes fameuses crêpes dont tu avais le secret.

 

Et dans ces moments-là mon cœur se réchauffera. Le petit garçon au fond de moi te fera un grand sourire et te dira merci Mamie.

 

Je t'aime

 

Je pense à toi et tu me manques....

 

 

 

Texte d'Armand

 

 

 

Pour finir la cérémonie, je vous propose une sorte de clin d’œil musical avec une chanson qui s’appelle « L.O.V.E ».

 

 

 

Avec cette chanson, cet été, tu nous as complètement surpris et émerveillés.

 

On était chez toi, avec Bernard, ma femme Hélène et tes arrières petites filles Ninon et Ariane… Elles avaient fouillé dans tes armoires de vêtements pour un défilé de mode qui t’avait beaucoup fait rire. Et Ariane avait d’ailleurs repéré quelques accessoires  à  porter pour la fête qu’elle envisageait en 2020 puisqu’elle voulait fêter ses 20 ans en même temps que tes 100 ans !

 

 

 

Ninon avait installé son clavier, son piano électrique, dans le salon.  Pendant 2 jours tu n’y a pas touché, en tous les cas pas devant nous. Car comme tu nous l’as dit ensuite avec malice, tu avais essayé de l’allumer en notre absence !

 

Finalement tu nous as demandé de te sortir la partition de « L.O.V.E. », de te sortir la partition du dernier morceau que tu travaillais… l’air de dire « celui que je travaillais la semaine dernière… ». Sauf que la semaine en question c‘était 15 ans avant !

 

Et, en quelques minutes, tu nous as rappelé que si la guerre ne t’avait pas obligé a quitter Paris et ton piano familial, tu serais devenue pianiste professionnelle.

 

On était scotché en t’écoutant…. Même si toi tu étais franchement mécontente de tes doigts qui ne voulaient plus bouger, à 94 ans, comme ils jouaient à 18 ans.

 

 

 

C’est donc de « L.O.V.E. » dont je garderai les notes en souvenir mélancolique de ce bel été ensemble. Love dont le titre est précieux pour se souvenir de toi Mamie, toi qui m’a dit un jour que tu ne t’étais jamais fâché avec quiconque de toute ta vie…  

 

 

 

  L-O-V-E par L'orchestra Numérique. Album perfect wedding music   http://www.deezer.com/track/74546877