A la déclaration de la guerre

d'après le témoignage de Maman

 

 

Il fut décidé que la Monnaie de Paris serait transférée à Toulouse, et cela par péniches. Mon grand-père, en tant que personnel de fonction a eu droit à faire partir quelques affaires personnelles dans deux caisses. La première caisse fut remplie par les bouteilles de sa cave, il était amateur de bon vin, et jusqu'à la fin il maintenait une "bonne cave". et la deuxième reçu un des derniers achats important de la famille, je crois réalisé en 1937 : un réfrigérateur. Ce réfrigérateur a d'ailleurs une histoire longue puisqu'il a suivit la famille. Mes parents s'en sont servit une fois leurs installation avenue Claude Vellefaux, et lorsque je me suis marié, j'ai récupéré ce frigidaire qui a fonctionné jusqu'au milieu des années 70 ! C'était du sérieux en ce temps. Lorsqu'il avait un "problème", il suffisait de le pencher et de le laisser coucher quelques minutes, et une fois redressé, il était reparti.

Donc les péniches sont parties, mais jamais arrivées. Elles ont été coulées, puis renflouées par les Allemands. La France étant envahie et après l'armistice, la Monnaie fut rapattriée à Paris, et des soldats allemands sont venues rendre les deux caisses à mon grand-père.

Au cours de la guerre, la Monnaie fut deux fois transférée, à Toulouse, puis à Catelsarazin. Je suppose que les deux caisses ont suivie, mais cette histoire ne me fut pas racontée.

Au début de l'envahissement de la France, un dépôt de carburant important fut bombardé, sans doute à Rouen, et un épais nuage noir a suivi la Seine jusqu'à Paris. Mon Grand-père a donc décidé de mettre "femme et enfant" à l'abris, et il les a fait partir pour Dax. Un ami les a conduit en voiture jusqu'à Juvisy, car les gares parisiennes étaient prises d'assaut. Elles sont partie toutes les deux avec un kilo de sucre. Le voyage a duré trois jours. et le lendemain matin de leurs arrivée et de leurs installation à la baracotte, les allemands défilaient dans la ville. Ensuite Mamy Lucie a rejoint son mari à Toulouse durant six mois, et Maman est restée à Dax, puis les a à nouveau rejoints à Paris.

Bernard Desclaux